Les interventions
Comment
pouvons-nous nous protéger face aux « Fake News » ?
Nous venons d’apprendre beaucoup d’éléments
au sujet des « fake news » et de leurs implications dans le monde
actuel. Il importe à présent d’examiner certaines stratégies capables de
contrer ce phénomène.
En effet, la dangerosité des fake news peut varier tant en fonction des différences
individuelles des lecteurs qu’en fonction de l’ampleur de leur propagande.
D’ailleurs, la problématique des fake news prend tellement d’ampleur qu’elle
est devenue une préoccupation de l’Etat, leur domaine de prédilection restant
la politique.
figure 1 : Emmanuel Macron
Figure 1 Emmanuel Macron
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Existerait-il un outil de traçabilité ?
Plusieurs études se sont d’ailleurs penchées sur la création de méthodes
de dépistage du mensonge dans des textes écrits, informatisés ou non. Une
approche méthodologique qui s’est dégagée est celle de la méthode d’analyse
linguistique. Cette méthode sous-tend une analyse approfondie du vocabulaire employé,
de la syntaxe profonde, de la sémantique, de la structure rhétorique, du
discours et enfin de la classification. Selon cette logique, les mensonges
trahiraient un usage langagier propre pouvant être dépisté. Cet outil
permettrait, par exemple, de retrouver certaines personnes à l’origine
d’informations fausses en cherchant certains « repères de tromperie
prédictive » utilisés par erreur par l’auteur. Cette méthode qui a été
créée dans le but de mettre fin aux informations fausses n’a pas encore fait
ses preuves chez nous, mais reste une piste intéressante.
Et vous, que pouvez-vous faire
concrètement ?
À une
échelle plus personnelle, la lutte commence par l’augmentation de sa vigilance
et de sa critique pour éviter de tomber dans l’ingestion constante de fausses
informations. Une solution pour permettre de lutter contre les fake news et
leur propagation serait d’éduquer les plus jeunes face aux médias. Parmi les
médias les plus connus, internet reste la bête noire dans la diffusion de fake
news. Cependant, les fake news n’existent pas « à cause » d’internet,
mais résultent plutôt de sa mauvaise utilisation et du traitement erroné de
l’information par les internautes.
Une
autre solution pour lutter contre les fake news serait d’arriver à se rappeler
de nos connaissances relatives au sujet des fake news stockées en mémoire à
long terme. Concrètement, si un texte affirme que Saint-Pétersbourg est
la capitale de la Russie, nous devons essayer de nous remémorer nos cours de
géographie, quand notre professeur insistait sur le fait que la capitale de la
Russie est Moscou. Mais cet exercice est difficile, d’autant plus que Saint-Pétersbourg
est une ville russe très connue. Utiliser nos connaissances antérieures pour
juger de la véracité d’une information ne s’avère-t-il pas souvent payant ?
Baddeley et Hitch (1993), deux auteurs ayant
étudié la mémoire, expliquent ce phénomène de rétention en précisant que les
informations récentes auxquelles une personne peut être exposée laissent une
trace en mémoire à court terme qui entre en concurrence avec nos connaissances
en mémoire à long terme. Autrement dit, les nouvelles informations qui nous
sont présentées ont tendance à primer dans notre réflexion immédiate compte
tenu de leur caractère récent et ce, indépendamment de leur véracité.
Pour contrer cela, il faut aider les gens à éviter d’encoder des erreurs
et/ou à les encourager à remarquer que certaines traces sont problématiques. Dans
la vie de tous les jours, il est difficile d’empêcher que ce
« mécanisme réflexif » se produise mais il est possible
d’acquérir davantage de connaissances dans un domaine ou sujet avant de lire
des articles qui y sont associés. En effet, c’est le manque de connaissances d’un
sujet et donc de confiance en nos savoirs qui encourage la crédulité envers les
premières informations erronées qui nous sont présentées. En conséquence, avant
d’émettre un jugement sur la véracité d’une information, renseignez-vous sur le
sujet.
Notre conseil suivant pour réduire l’effet
« fake news » est d’analyser le contexte donné. Effectivement, certains auteurs suggèrent que les informations inexactes sont
moins susceptibles d’être utilisées si elles sont comparées à des connaissances
antérieures. De fait, les individus sont moins enclins à croire les « fake
news » si l’information se réfère à un contexte fantaisiste (le monde
d’Harry Potter) plutôt qu’à un contexte réel. Dès lors, le contexte qui entoure une
information peut servir de piste à son interprétation. La comparaison avec nos
connaissances antérieures pourra donc permettre de jauger la crédibilité et la
probabilité qu’une information soit vraie.
Un autre point à souligner est que certaines
informations sont pertinentes pour diverses situations, mais que d’autres
informations sont particulièrement pertinentes dans un contexte particulier. Par
exemple, le fait d’intégrer et d’imaginer qu’un homme puisse tisser des toiles
grâce à ses mains pour protéger la ville des méchants (rôle de Spiderman) est
utile pour lire des bandes dessinées. Mais cette annonce est moins utile pour
considérer la façon dont les policiers exécutent leurs tâches.
Il convient également de porter une attention
particulière au degré de véracité/fausseté de l’information. En effet, les informations
inexactes de toutes sortes ne sollicitent pas des niveaux de confiance
similaires. Certaines inexactitudes sont tellement invraisemblables que les
gens les identifient facilement comme erronées. Il a d’ailleurs été mis en
évidence que les informations invraisemblables, comparées à des informations
plausibles, sont beaucoup moins susceptibles d'être invoquées pour des
décisions ultérieures. Si nous reprenons l’exemple de la Russie, avec un texte
affirmant que la capitale de la Russie est Tokyo, le lecteur n’y aurait pas cru
tant la réponse proposée s’éloigne de la vérité. La réponse de
Saint-Pétersbourg est beaucoup moins évidente et porte plus à confusion, étant
donné qu’il s’agit d’une grande ville russe. David
N. Rapp (2016) explique ce phénomène par la
confusion naissante du mélange de caractéristiques vraisemblables avec une
information fausse. Dès lors, une information fausse qui se rapproche fortement
d’une information vraie de par le nombre de caractéristiques principales
similaires qu’elle présente, sera plus susceptible d’induire le lecteur en
erreur. Au contraire, si l’information fausse se montre d’emblée fortement
différente d’une information plausible, elle sera d’office rejetée par le
lecteur. Par conséquent, lorsqu’une information sème le doute dans votre
esprit, il convient alors de la décortiquer et de sonder si les
caractéristiques principales qu’elle laisse paraitre sont cohérentes et vraies.
Finalement, la dernière action à prendre en
considération pour contrer les « fake news » est de se montrer
curieux et de s’intéresser aux sources utilisées, surtout si nous avons peu de
connaissances sur le sujet concerné. Pour rappel, les inexactitudes pour
lesquelles les individus n’ont aucune connaissance préalable pertinente sont
les plus susceptibles de les désinformer. En d’autres termes, lorsque nous
avons peu de connaissances sur un sujet, il convient préférablement d’étendre
nos connaissances dans le domaine afin de contrer l’effet de désinformation et
notre vulnérabilité face à ce dernier. De même, tenir compte du contenu de
l’information n’est pas suffisant, il faut aussi porter une attention
particulière à la source. Des sources considérées comme étant fiables peuvent
aussi fournir des informations inexactes, et dans ce cas les individus sont
plus susceptibles de les utiliser que si elles étaient fournies par une source
non fiable. Par ailleurs, d’autres auteurs démontrent que lorsque les gens
savent peu de choses sur une source, ils considèrent que l’information
provenant de cette source est crédible. Cela correspond aux processus normaux
de cognition car les êtres humains ont tendance à accepter une nouvelle donnée
plutôt qu’à la soumettre à une réanalyse ou à une critique.
Le
mot de la fin
En conclusion, l’infaillible n’existe pas et nous sommes tous, à des
degrés différents, susceptibles d’être influencés par de la désinformation. De
plus, l’enjeu de la lutte contre cette désinformation ne se réduit pas à
limiter les dommages d’ordre individuel mais tente aussi d’empêcher une mise en
danger de la quiétude démocratique. C’est pourquoi, tout un chacun peut
s’engager à être acteur de cette lutte contre les fakes news et participer au
projet de diminution de leur diffusion.
Dorian Luczak , Ombeline Guillaume, Rebecca Flandre.
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