Introduction aux fake news
Mais avant de
vous donner des réponses toutes faites à ces questions, nous vous invitons à
vous questionner sur votre sens critique mais également à en apprendre
davantage sur le phénomène des « Fake News ». Car comme vous le
savez, une personne avertie en vaut deux…
Que
savez-vous sur le sujet ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous avons retenu les témoignages de
trois personnes résidant en Belgique afin d’examiner leur perception des fake
news. Nous leur avons donc posé cette question : « Que signifie le
terme « fake news » pour vous ? »
Pour
Clément, 19 ans, « les fake news à
la télé, c’est l’exagération d’un sujet, c’est quand on juge trop vite, qu’on
n’a pas assez de recul, et puis on se rend compte que ce n’était pas ça. C’est
aussi lié aux préjugés. Par exemple, s’il y a un attentat on va tout de suite
dire que c’est des musulmans. Sur Youtube, le but des fake news c’est aussi
d’avoir le plus de « vues », on fait un truc aguicheur, et puis en
fait c’était pas vrai. C’est aussi du bouche-à-oreille, quand tu exagères ou
que tu mens pour attirer l’attention et te rendre intéressant ».
Pour
Gwendy, 25 ans, «je pense que c’est
comme les rumeurs : ça fait parler les gens, ça fait de l’audience. Même
si c’est faux, les gens en parlent quand même et réagissent, et c’est
d’ailleurs le but recherché. Plus il y a de réactions, mieux c’est. C’est un peu
comme si on voulait l’avis des gens, si ça se passait réellement. Et beaucoup
se feront prendre dans le panneau parce qu’ils ne vérifient pas la source. ».
Pour Martine, 64 ans, « Ce sont des informations
tronquées ou fausses pour manipuler l’opinion publique et ce dans des domaines
divers : la politique, la culture, etc.
C’est manipuler les masses pour qu’elles prennent position en faveur ou
en défaveur d’une personne afin de servir des intérêts obscurs ».
Face à ces croyances, affirmations, ou ébauches de définitions nous
remarquons des avis semblables mais aussi divergents sur certains points. Mais
qu’en est-il vraiment ?
Savez-vous ce que sont les fake news ?
En
2017, l’Institut Reuters a publié un rapport sur ce sujet. Cette
étude nous apprend que nous mélangeons souvent trois idées sur les fake news, à
savoir que les fake news sont : des informations créées de toutes pièces dans
un but lucratif ou pour porter atteinte à autrui, des informations qui sont en
grande partie vraies mais qui sont présentées d’une certaine façon afin de
servir un intérêt particulier, ou encore des informations servant à gêner des
personnes ou avec lesquelles ces dernières ne sont pas d’accord.
Une
définition intéressante à retenir est celle du Cambridge Dictionary : « Les
fakes news sont des histoires fausses qui ont l’apparence de nouvelles,
disséminées sur internet ou utilisant d’autres médias, et créées soit pour
influencer les opinions politiques, soit en tant que blagues ». Une autre
définition pertinente est celle de l’Oxford Institute for the Study of
Computational Propaganda qui décrit les fake news comme étant « des informations fallacieuses, trompeuses ou
incorrectes, prétendant être de réelles informations concernant la politique,
l’économie ou la culture ». Au vu de ces définitions et de cette
exploration du terme des fake news, nous retenons qu’il s’agit d’un néologisme faisant allusion
par extension au terme français de « désinformation » ou encore
d’« informations fausses » et qui consiste à présenter une réalité
déformée ou un fait fabriqué comme étant vrai dans le but d’en augmenter la
propagande.
Fake news, retour sur leur histoire
Les fake news ont toujours existé mais connaissent un boom récent avec
l’arrivée des nouvelles technologies. Cela vous surprendra peut-être, mais au Moyen Age par
exemple, existaient déjà de fausses « sculptures antiques », de
fausses reliques ou encore des documents factices. L’art de tromper et de
dissimuler était même enseigné aux jeunes princes ! Bien plus tard, l’apparition de la
presse a entrainé avec elle la propagation de fausses nouvelles, dont certaines
avaient comme objectif de faire tomber les personnalités du moment. La
propagande du début du XXème siècle véhiculait également des mensonges destinés
aux masses populaires. Nous avons pu observer, notamment, avec la première
guerre mondiale, le développement de la presse écrite qui a favorisé la diffusion
d’un grand nombre d’informations fausses. Par exemple, un journal de Munich accusait les prisonniers de
guerre français de recevoir du poison dans leurs colis aux fins de s’en servir pour
tuer le bétail allemand. C’était, en fait, une excuse pour ouvrir les colis des
soldats et de puiser dans leur contenu. Toujours à la même époque, l’armée
allemande aurait commis de nombreux meurtres et des actes de violence envers
les civils belges. En alléguant que ces derniers étaient des francs-tireurs.
Ils trouvaient ainsi un justificatif aux atrocités qu’ils commettaient. Les
journaux alliés de l’époque dénoncèrent ces actes sous une appellation pouvant
être fallacieuse de « Viol de la Belgique » car elle était de nature à renforcer
la coalition entre la Belgique et les pays alliés. Néanmoins, par la suite, les
faits d’atrocité commis par l’armée allemande furent confirmés. Un autre exemple de fake news de guerre mêlant
fausse information et censure était la publication de photos de champs de
bataille où seuls les cadavres ennemis étaient montrés à la France.
Toujours dans le courant du XXe siècle, les
scientifiques craignaient que l’arrivée de la radio et de la télévision
privilégie le profil des candidats politiques au détriment du programme qu’ils avaient
à défendre, et ce en donnant d’eux une image plus flatteuse grâce à des
aménagements de la vérité les concernant. Une autre crainte partagée par les observateurs
était aussi que ces nouvelles technologies favorisent les critiques négatives
ou encore la diffusion de fausses informations aux dépens de réels arguments. Néanmoins, ces craintes n’ont
pas empêché la diffusion de la première « fake
news » en 1938 à la radio. L’artiste et présentateur Orson Welles a tellement bien
raconté et adapté « La Guerre des mondes » sur la chaine américaine
Columbia Broadcasting System (CBS) que de nombreux auditeurs ont cru à une
réelle invasion d’extraterrestres. Cette fausse information n’a cependant
jamais eu l’impact qu’elle aurait souhaité étant donné que seule une minorité
écoutait la radio à ce moment-là.
Et
aujourd’hui alors ?
Quant à l’intensification actuelle du
phénomène « fake news », elle est rendue possible en grande partie grâce aux
nouvelles méthodes de communication et aux nouvelles technologies.
L’information se partage alors beaucoup plus rapidement compte tenu de
l’intensité des échanges faits au sein des réseaux de partage existants. D’ailleurs,
une récente étude publiée par Science portant sur les fakes news partagées via Twitter, a mis en
évidence la rapidité avec laquelle les fakes news se propagent comparativement
à de vraies informations. Les résultats de cette étude sont d’autant plus
étonnants qu’ils affirment que les vraies informations se diffusent 6 fois
moins vite que les fausses informations. Fait interpellant quand on sait que
les sites ou comptes réputés diffuseurs de fakes news comptabilisent moins
d’abonnés que les sites partageant de vraies informations.
Alors... qui est touché par les fake
news ?
Face à cette indigestion d’informations en tous genres et de tous
horizons, nous avons une tendance naturelle à nous croire moins crédules
qu’autrui (effet de la troisième personne
que nous aborderons dans un prochain billet) alors que l’exposition à des
fake news touche tout le monde et presque continuellement. En effet, nous
sommes sans cesse bombardés d’informations fausses, que ce soit sur internet,
sur les réseaux sociaux, à la radio, à la télévision ou encore dans la presse
écrite. Or, énormément de personnes utilisent les réseaux sociaux afin de
s’informer. En
2016, 70% des Américains utilisaient Internet pour s’informer, et 62% d’entre
eux utilisaient Facebook. Ces derniers seraient d’ailleurs utilisés par 40% des
Français pour s’informer (Harsin, 2018). De plus, un des problèmes que
l’on peut constater dans les médias est qu’ils cherchent à tout prix à obtenir
du pouvoir en imposant leurs propres idéologies. Certains appellent ce phénomène « l’ère
de la post vérité ».
Mais d’où viennent les Fake
News ?
Elles
peuvent avoir différentes sources qui sont difficilement identifiables au
premier abord. Il se peut qu’elles naissent des suites d’une mauvaise
retranscription ou d’une incompréhension de la part d’un journaliste. Elles
peuvent également trouver leur origine dans une volonté de propagande pure et
dure. Les fakes news peuvent aussi être élaborées pour répondre à la soif de
profits d’un particulier ou de plus « gros poissons ». Quoi qu’il en
soit, elles naissent en vue de faire perdre la capacité critique des individus
et de les plonger dans une ingestion constante d’articles hybrides où le vrai
côtoie le faux. Dès lors, des mythes de l’ère numérique se forment et fomentent
des croyances populaires qui engendrent des conséquences directes sur notre
société. Comme illustration de ces propos, nous pouvons rappeler la fausse information sur les vaccins provenant d’une étude
aux Royaume-Unis de 1998 qui établissait un lien entre l’autisme et le vaccin
sur les enfants. Pour rappel, celle-ci a eu pour effet délétère d’augmenter le
taux de certaines maladies chez les enfants qui n’avaient pas été vaccinés.
Cette information est partie du Chili et est arrivée jusque chez
nous, alors que certains éléments pouvaient facilement se vérifier. Par
exemple, « Minion » ne se traduit pas en français par « sbire »
puisqu’il se traduit en allemand par « handlanger », qui signifie
« homme de main » ou « acolyte ».
Au début de cet article, nous vous avons cité
un certain nombre d’informations vraies et d’informations fausses. En ce qui
concerne leur véracité, nous ne vous laisserons pas davantage dans le suspens
et nous vous encourageons à vérifier si vous aviez vu juste. Alors que Donald
Trump semble avoir réellement eu une relation
adultère avec la top model en 2006, cette dernière aurait vendu ses droits de
parler en public de la relation pour 150 000 dollars. En ce qui concerne la
présumée fermeture du site Facebook, annoncée par son créateur lui-même dans une vidéo mise
en ligne, elle serait complètement fausse. En effet, la vidéo, bien qu’elle
semble authentique, est en réalité un montage que vient d’ailleurs de
corroborer sa date de publication, à savoir le 1er avril 2018. Quant
à l’Etat d’Alabama, les pauvres autochtones ont réellement subi pendant 2
mois les effluves toxiques et nauséabond provenant d’excréments d’autres Etats.
Ce cas de figure improbable s’explique par le fait que les Etats du Sud servent
régulièrement de décharges pour toutes sortes de déchets provenant des Etats du
Nord en raison de leur statut économique plus faible. Enfin, l’article qui
prétendait qu’une jeune youtubeuse avait annoncé dans une vidéo sa volonté d’avorter en
direct pour récolter des dons afin d’aider les plannings familiaux, est
totalement fausse. La satire avait sans doute pour objet une légère critique
envers le système de financement américain en ce qui concerne la question de
l’avortement.
Mais en sommes, quelles conséquences ont les
fake news sur nous, mais aussi sur le monde qui nous entoure?
Cette soupe à l’information, parfois tout aussi fausse que vraie, finit
par embuer notre discernement, qu’elle nourrisse simplement l’appétit des
amateurs de farces ou qu’elle participe à l’influence du choix politique. Il
est donc important d’éveiller tout un chacun aux conséquences délétères que
peuvent avoir ces fake news. On sous-estime
trop souvent l’influence qu’elles peuvent exercer sur notre système cognitif,
sur notre santé, au niveau des groupes sociaux, dans la manipulation politique
ou encore dans certains enjeux économiques.
Au regard de ce qui vous sera présenté dans les prochains billets, nous
vous invitons, par conséquent, à vous sensibiliser à la problématique des fakes
news afin de savoir où s’arrête le vrai pour laisser place au faux…
Dorian Luczak, Ombeline Guillaume, Rebecca Flandre
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